Art populaire des Hauts plateaux, le Hira Gasy est un spectacle moralisateur qui exalte les vertus que chacun se doit de cultiver à l’aide d’exemples tirés soit des « Lovantsofina » tradition orale, soit de la vie de tous les jours, ou encore de la Bible. Le plus souvent avec humour et dérision…
Apparus dans les années 1920, les hira gasy sont les premiers orchestres du XXe siècle.
Historiquement, il s’agit d’un spectacle d’éducation et d’édification du peuple, les thèmes puisant dans la sagesse populaire malgache et à destination de chaque catégorie d’interlocuteurs présents : les hommes, les femmes, les enfants et les personnes âgées. L’amour, le travail, l’entraide sont des thèmes récurrents, les paroles utilisent souvent les « ohabolana », proverbes de la sagesse populaire.
Le Hira Gasy que ses chantres en habits de lumière colportent dans les campagnes, mais aussi dans les quartiers les plus populaires de la capitale, accorde autant d’importance à la parole qu’aux gestes, à la musique qu’aux danses : Il s’agit d’un spectacle à la fois déclamé, chanté et dansé sur fond de flûtes, violons, de trompettes, et de roulement de tambour.
Les musiciens de Hira Gasy sont un « show dans le show » par leur virtuosité musicale.
Pour entretenir de bout en bout l’attention et assurer la bonne réception du message, les Mpihira Gasy (littéralement chanteurs malgaches) se mettent en cercle (Faribolana) de façon à prendre simultanément en charge toutes les parties de l’assistance. Les costumes sont toujours très colorés, les hommes portent des redingotes de préférence rouge vif à revers noirs et ne dédaignent pas y ajouter des galons. Les femmes quant à elles s’habillent en robes longues de couleurs très vives. L’orchestre comprend, outre les percussions qui assurent le support rythmique des danses, violons, flûtes, clarinettes et cuivres.
Les danseurs enfin s’agitent. Ils ajustent le lamba (pièce de tissu coloré) qu’ils ont noué autour des reins et prennent par deux ou par trois le devant de la scène. Les danses folkloriques des femmes comportent des mouvements des mains qui rappellent les danses d'Asie du Sud Est et les mouvements de jambes des hommes rappellent les arts martiaux traditionnels d'Asie du Sud-Est L’attention se rive sur ces silhouettes pourpres et dominatrices qui esquissent d’abord un léger balancement d’un pied à l’autre. Le regard étrangement absent dénote une intense concentration. Et c’est la grande envolée, les jambes fendent l’air, les bras décrivent des figures géométriques ou miment le vol de l’oiseau, les pieds martèlent le sol avec une synchronisation telle qu’on en arrive à oublier que le vacarme provient en fait des tambours. Les sauts se terminent invariablement par un rétablissement dans une position à demi-agenouillée.
Sa première appellation a été le Hiratsangana, ce qui veut littéralement dire « un spectacle de chant que l’on exécute et que l’on regarde debout ». Il n’a jamais nécessité d’installation particulière et peut se jouer sur les places de marché ou sur n’importe quel terrain vague.